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Les agriculteurs argentins sont remontés contre leur gouvernement

Le gouvernement argentin veut accélérer l'exportation de céréales depuis les ports du pays.

Ils estiment que la suspension des taxes sur les exportations de grains n’a profité qu’aux grands exportateurs.

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Sebastián Campo est amer. Pour cet agriculteur de la province de Buenos Aires, l’éphémère levée des taxes sur les exportations de grains est « une escroquerie ». Présentée comme une mesure en faveur des producteurs, elle n’a profité selon lui qu’à « une poignée de filous ». Le 22 septembre, la présidence argentine annonce la suspension des taxes sur les exportations de grains jusqu’au 31 octobre. En pleine tourmente financière, le gouvernement veut accélérer la liquidation des stocks de céréales et de soja afin de « générer un plus grand apport en dollars ».

Le président de la Société Rurale, syndicat représentant plutôt les grands producteurs, Nicolas Pino salue alors la mesure, tout en appelant à la rendre « permanente ». La suppression des taxes à l’exportation (26% sur le soja, 24,5% sur ses dérivés, 9,5% sur le maïs et le sorgho) est une revendication historique du secteur agricole et une promesse de campagne de Javier Milei. Mais moins de 72h plus tard, le fisc argentin annonce que le « quota prévu d'enregistrement de sept milliards de dollars » a été atteint, et que les taxes sont rétablies. Absent du message d’annonce initial, le fameux quota était quelque peu passé inaperçu dans le décret paru dans le Journal officiel.

« Pris par surprise »

« L’annonce du gouvernement nous a pris par surprise », relate Sebastián Campo, « je ne connais pas un seul producteur qui a réussi à en profiter ». Les chiffres officiels révèlent en effet que sept grandes sociétés exportatrices se sont taillé la part du lion, en vendant 86 % des 19,5 millions de tonnes de grains concernée par l’exemption de taxes. Un cadeau fiscal estimé à plus d’un milliard de dollars, dont les 55 000 petits et moyens producteurs « n’ont même pas vu la couleur », selon la présidente de la Fédération agraire (syndicat), Andrea Sarnari.

Dans les jours qui suivent, le Centre des exportateurs de céréales assure dans un communiqué que « 3,5 milliards de dollars arriveront dans les jours qui viennent aux vendeurs de grains, producteurs et coopératives ». De la poudre aux yeux, selon Sebastián Campo. L’agriculteur en veut au gouvernement de Javier Milei. « La mesure n’a pas été conçue pour bénéficier aux petits producteurs », assure-t-il. Nous devons vendre notre soja en mai pour payer nos frais, donc en septembre il ne nous reste plus rien à liquider ». Pour l’agriculteur, « quelque chose s’est rompu » entre le gouvernement et les agriculteurs. S’il a baissé le niveau des taxes à l’exportation, le président Javier Milei tarde en effet à concrétiser sa promesse de supprimer ce qu’il qualifie lui-même « d’impôt confiscatoire ». 

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